Jean-Baptiste Monge : un parcours atypique

Né le 11 juin 1971 à Nantes, Jean-Baptiste Monge vie depuis toujours « avec le merveilleux, comme une ritournelle quotidienne qui vous trotte dans la tête »(1).

Une ritournelle dont il va réaliser l’existence lors de sa découverte juvénile du monde de Disney. Bien plus pourtant qu’une simple révélation de son monde intérieur, le Walt le plus célébre du monde lui permet de comprendre que son univers peut être, lui aussi, raconté… Un constat qui va rapidement se transformer en envie et le pousser à coucher sur papier les images qui peuplent sa tête.

L'Ecrivain de Jean-Baptiste Monge

L'Ecrivain de Jean-Baptiste Monge

Les tendres années passées en compagnie de son premier maître, c’est adolescent qu’il découvre l’une de ses premières grandes sources d’inspiration : Frank Frazetta. La rencontre se fait dans la cave familiale, par le biais de couvertures de Tarzansignées par le peintre de fantasy -devenu référence. C’est pendant cette période, entre 14 et 17 ans, que le jeune Jean-Baptiste Monge continue de forger les prémices de son monde, avec la découverte du – désormais célèbre – livre Fairies de Brian Froud et Alan Lee, ainsi que du film Dark Cristal.

Rockwell de Jean-Baptiste Monge

Rockwell de Jean-Baptiste Monge

L’exploration de ces nouveaux univers va être rapidement freinée par les difficultés d’alors. Car, rappelons-le, à l’époque les ouvrages d’art sur la fantasy et le merveilleux ne se trouvaient que – trop rarement – en importation et exclusivement dans la langue de Shakespeare… C’est ainsi qu’à 17 ans, notre artiste en herbe se met à fréquenter assidûment les librairies, étudiant tout azimut les artistes qui passent à sa portée : Arthur Rackam, Edmond Dulac… mais également Gustave Doré, les pré-raphaëlites, les peintres pompiers, etc. Et, au détour d’un livre de plus, il va rencontrer son deuxième maître après Disney : Norman Rockwell. L’étincelle de vie et la force évocatrice des scènes de la vie quotidienne de ce peintre américain vont littéralement le « fusiller »(2).

Elève peu intéressé par l’école, il quitte le lycée à la fin de la première. Sans le Bac en poche, c’est la porte des Beaux-Arts – et notamment celle des Gobelins – qu’il voit alors se fermer devant lui. Voulant faire de l’illustration sans réellement savoir dans quelle voie, il rentre à l’Ecole de Publicité et d’Arts Graphiques Pivaut à Nantes, grâce à son portfolio. Il n’y restera que deux ans jugeant qu’il y apprend plus sur le maquettage de tract que sur le dessin(3).

Le lutin et le cochon attelé de Jean-Baptiste Monge

Le lutin et le cochon attelé de Jean-Baptiste Monge

Commencent alors pour lui plusieurs années de travail alimentaire dans la publicité. Une période d’activité qui, sans le passionner, va lui permettre de se professionaliser. Mais c’est surtout sa rencontre avec Erlé Ferronière – dans un café dénommé « Légende »… – qui va marquer cette période d’une pierre blanche. Les jeunes artistes se reconnaissent dans leurs aspirations, univers et références ; débutent alors une amitié et des échanges qui marqueront profondément le travail et le destin de chacun.

Whiskey de Jean-Baptiste Monge

Whiskey de Jean-Baptiste Monge

Ensemble, ils finiront par tomber définitivement du côté féérique de la force, quittant Nantes pour co-habiter dans une maison de tisserand des monts d’Arrée, avec la volonté de collaborer à la création d’un livre. « (…) En hiver la température intérieure n’excédait pas les 6 degrés et pendant l’été les murs dégueulaient d’humidité. Cette bicoque était un véritable nid à courants d’airs, mais elle ressemblait tellement à l’Admiral Benbow dans L’Ile au Trésor, qu'(ils) ne se serait pas installés ailleurs. »(1) Heureusement, Pascal Moguérou et sa femme Nathalie n’étaient jamais très loin pour ouvrir leur porte le temps d’un dîner…

La Fee et le rouge-gorge sur la branche de Jean-Baptiste Monge

La Fee et le rouge-gorge sur la branche de Jean-Baptiste Monge

De cette époque, JB Monge garde le souvenir d’une collaboration parfois tumultueuse – eu égard à la promiscuité de vie et aux rythmes de travail divergeants – mais surtout celui « d’une belle expérience, riche d’idées et d’échanges, de projets plus ou moins farfelus, de rêvasseries »(1).

Des années bohème et une collaboration dont finira par naître un premier livre à quatre mains : Halloween en 1996 chez Au Bord des Continents… Ouvrage qui sera suivi de A la recherche de Féerie I & II, de 2002 à 2004, année qui marquera, d’une volonté commune, la fin du tandem : « chacun ayant envie de suivre sa propre voie »(3). A noter que, durant cette période, Jean-Baptiste Monge signa également Baltimore et Redingote (1999), en collaboration avec Pascal Moguérou pour les textes.

En 2006, paraît Carnet de croquis, archives de Féerie Tome I. Une première réalisation en solo dont il a assuré l’illustration, le texte, mais également la maquette. S’en suivront plusieurs autres livres et ouvrages de travaux, tel que Celtic Faeries (2007) ou Carnet de croquis, archives de Féerie Tome II (2008), mais également quelques participations à des collectifs comme Dans l’univers des dragons (2007/2008).

Dunlee Darnan de Jean-Baptiste Monge

Dunlee Darnan de Jean-Baptiste Monge qui a obtenu le Silver Award, dans la catégorie "Illustration de livre", au 16ème congrés de la revue Spectrum

C’est en octobre 2008, au 9ème Festival International de Science-Fiction de Nantes (Utopiales), qu’il reçoit sa première récompense avec le Prix Wojtek Siudmak du graphisme, pour son illustration de la couverture du livre Comptines Assassines de Pierre Dubois aux éditions Hoebeke. Une récompense qui sera suivie, en février 2009, du Silver Award – dans la catégorie « Illustration de livre », pour Dunlee Darnan, la couverture de Celtic Faeriesau 16ème congrès de la revue américaine Spectrum, the Best in Contemporary Fantastic Art, anthologie annuelle des arts graphiques de l’imaginaire qui fait référence outre-atlantique. C’est en octobre de cette même année qu’il se voit également décerner le Prix Art&Fact, récompensant l’ensemble de son œuvre, à la 10ème édition des Utopiales.

Ce grand amoureux des croquis au fusain, qui travaille généralement ses couleurs à l’aquarelle, avec une utilisation de la gouache blanche pour réhausser, s’attache depuis quelques temps à maîtriser les nouveaux médiums numériques, y voyant de nouvelles perspectives artistiques, mais également professionnelles.

En effet, ayant quitté, pour cela, la France au profit du Canada, dont il est désormais résident, Jean-Baptiste Monge s’intéresse aujourd’hui à l’industrie du divertissement, cherchant à se faire une place en tant que concept artist et character designer, que ce soit dans les jeux vidéos, le cinéma ou l’animation. Il a d’ailleurs, d’ores et déjà, travaillé à la création visuelle des personnages du jeux vidéo Faery Legends of Avalon de la compagnie française Spiders.

Le lutin et le renard attelé de Jean-Baptiste Monge

Le lutin et le renard attelé de Jean-Baptiste Monge

Le Lutin sur le raton-laveur de Jean-Baptiste Monge

Le Lutin sur le raton-laveur de Jean-Baptiste Monge

Cela dit, que les fans se rassurent : la création de livres n’a pas été mise au placard, pas plus que la France, puisque la suite de Celtic Fairies : Nordic Fairies, Winter Tales est prévue prochainement aux éditions Le Lombard ! S’attachant à explorer la féerie de l’hiver et de ses chutes de neige, cet ouvrage s’aventurera dans les pays nordiques et leurs blanches contrées, à la rencontre de leurs petits habitants…


Sources :

  • Interview de JB Monge par Jennifer G. Oliver pour l’Academy of Art Character & Creature Design (15/12/2010)
  • (1) Interview de JB Monge par Richard Ely pour le site Peuple féerique (24/11/2008)
  • (2) Enregistrement de la rencontre avec JB Monge aux Utopiales 2009 sur le site ActuSF
  • (3) Blog de JB Monge

>> Revenir à la présentation du dossier L’Univers de Jean-Baptiste Monge

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